
Le château
Le Château de la Bâtiaz
D’où vient ce nom de Bâtiaz ? Tout simplement du mot latin « bastida », qui signifie endroit fortifié ou forteresse. Le château est une forteresse entièrement conçue dans un but militaire. Il était fait pour surveiller la région et soutenir des sièges. Mais l’édifice, ramassé sur lui-même, ne laisse que peu de commodité pour le logement.
Non loin du château, sur une éminence où passe la route du vignoble, il y avait la potence. Aux premières années du XVIème siècle, le lieu était encore connu sous le nom de “Vieilles Forches”. A quelques mètres de l’enceinte, devant le front occidental, on distingue les traces d’un fossé. On avait commencé à le creuser dans le roc, mais les moyens ont dû manquer pour le terminer.
L’entrée de la forteresse, disposée au-dessus des falaises de la Dranse, était accessible par une rampe en maçonnerie. La position de la porte, dans un angle rentrant, facilitait sa défense.
Les fenêtres sont rares et presque toutes destinées à la défense.
Les machines de guerre
Vers le Xe siècle, lorsque la pierre commença à être préférée au bois pour la construction des remparts entourant les places fortifiées, les machines de siège firent leur apparition. Les plus importantes mesuraient huit mètres de haut et leur construction requérait un savoir-faire important que seuls quelques ingénieurs maîtrisaient. Plus d’une machine mal conçue se cassèrent au premier tir… Au XVIe siècle, l’arrivée de l’artillerie à poudre et le remplacement du boulet en pierre par des projectiles en fer sonnèrent le glas de cette évolution.
Les machines de siège sont des armes de jet. Elles fonctionnent sur le principe de la fronde, connu depuis très longtemps puisque déjà mentionné dans la Bible. Durant le Moyen Âge, il n’en existe que deux types : des machines perfectionnées, construites en temps de paix avec des pièces de bois sec, et des machines construites rapidement sur place, pendant les hostilités. Ces dernières se révèlent moins performantes par l’utilisation de bois moins préparés.
La machine de siège n’est pas une catapulte. En effet, la technique de propulsion d’une catapulte est un ressort, alors que celle d’une machine de siège est un balancier. Les catapultes, d’origine romaine, fonctionnent comme un arc: la force de propulsion est donnée par un ressort que l’on tend préalablement. Les machines de siège propulsent les projectiles grâce à la force d’un contrepoids qu’un mécanisme permet d’armer.
Voici les six machines présentes actuellement sur le site de la Bâtiaz :
Le Couillard ou Biffa

(XIVème – XVIème siècle)
Dimension au sol : 2.50 x 5m
Hauteur : 4m avec le mât rabaissé et 8m40 avec le mât relevé
Poids total : plus de 3 tonnes
Portée : 180 mètres
Boulets : de 35 à 80 kilos
Servant : 4 à 8
Cadence de tir : 10 coups à l’heure
C’est la machine à contrepoids la plus perfectionnée ! Ses deux huches articulées, dont le poids par huche varie de 1,5 à 3 tonnes, facilitent la manutention en divisant par deux la charge à manier ; la construction s’en trouvait simplifiée.
Les performances de cette machine sont inférieures à celle du trébuchet, mais sa cadence de tir quatre à cinq fois supérieure, avec une équipe très réduite de servants (quatre à cinq hommes), lui a fait pendant longtemps concurrencer l’artillerie à poudre. Sa hauteur maximale est de 8m40 et son poids dépasse trois tonnes. Avec une cadence de dix tirs à l’heure, on imagine aisément les dégâts causés par un engin fonctionnant jour et nuit.
Quant à son étymologie… Napoléon III remarquait déjà qu’un simple coup d’œil sur sa silhouette suffisait à la comprendre.
Le Mangonneau à roues de carrier
(XIIème – XIVème siècle)
Dimension au sol : 4.4 x 4.5m
Hauteur : 8.4m
Poids total : peut dépasser les 10 tonnes
Portée : 150 mètres
Boulets : jusqu’à 100 kilos
Servants : 12
Cadence de tir : 2 coups à l’heure
Il s’agit d’un engin d’attaque. C’est une machine de jet en chêne et en châtaignier. Elle nécessite de gros efforts pour rabattre son contrepoids. Pour cette raison, elle est équipée d’un treuil entraîné par deux grandes roues. L’appellation « carrier » vient du fait que ces roues, connues depuis l’antiquité, équipaient notamment les machines usitées dans les carrières de pierres.
Son contrepoids est une grosse huche en chêne remplie de terre, de pierres ou de lingots de plomb. Malheureusement, cette masse finit toujours par se déplacer à l’intérieur de la huche du contrepoids fixe, ce qui provoque des à-coups et des vibrations qui fatiguent rapidement l’engin et nuisent à sa précision.
La poche est couchée dans un auget, sorte de glissière en bois graissée de suif, ce qui permet au projectile de partir dans l’axe du mât. Cet engin est capable de projeter des boulets de 100 kilos à 150 mètres.
Le Mangonneau

(XIIe – XIVe siècle)
Portée : 120 mètres
Boulets : 13 kilos
Servants : 10 à 12
Cadence de tir : 5-6 coups à l’heure
Cette puissante machine de jet était surtout utilisée contre les fortifications pendant les croisades des XIIe et XIIIe siècles. Elle fonctionne grâce à un contrepoids de 500 kg solidaire de la flèche. La huche est remplie, suivant les besoins, de terre, de pierrailles ou de lingots de plomb. La poche est couchée dans un auget, sorte de glissière en bois graissée de suif, ce qui permet au projectile de partir dans l’axe de la flèche.
La Bricole

(XIIème – XVème siècle)
Dimension au sol : 2.5 x 2.5 m
Hauteur : 8 m
Portée : jusqu’à 50 mètres
Boulets : de 20 à 60 kilos
Servants : 16
Cadence de tir : rapide
Le nom de cette machine vient de l’italien “bricola”, qui veut dire : fait sur place. La bricole est un engin défensif à traction humaine, ancêtre du mangonneau, fonctionnant également sur le principe du balancier. Cette machine était servie depuis le haut des remparts, position fort commode pour bombarder à vue les assaillants. Elle est fabriquée en chêne et en métal. Un chroniqueur de l’époque raconte qu’un prisonnier fut « renvoyé dans son camp » à l’aide d’une bricole. Les performances de l’engin dépendent des servants. Vu sa relative légèreté, la bricole était armée en position de tir par les servants en tirant sur des cordes. Lors du siège de Carcassonne, en 1215, le chef des Croisés fut tué par une pierre projetée par une bircole actionnée par des femmes …
Le Trébuchet

(XIIème – XVIème siècle)
Dimension au sol : 9.9 x 4.5 m
Hauteur : 16.5 m
Portée : jusqu’à 220 mètres
Boulets : jusqu’à 125 kilos
Servants : 60 à 100
Cadence de tir : 1 à 2 coups à l’heure
Il s’agit également d’un engin d’attaque, utilisé pour détruire les murailles et permettre l’assaut.
Le trébuchet est l’engin le plus puissant de l’époque. Il fonctionne selon le principe du balancier mis en mouvement par un contrepoids mobile très lourd (jusqu’à 18 tonnes) et mobile. Il nécessite une main d’œuvre très spécialisée et très coûteuse pour l’époque. Sa précision est redoutable mais sa cadence de tir est lente. Son nom provient de l’occitan “trebuca”, qui apporte les ennuis.
A la simple vue de cette véritable arme de dissuasion, de nombreuses places fortes capitulèrent. Au cours d’essais récents, un boulet de pierre de 56 kilos a été projeté à 212 mètres et plusieurs projectiles ont atteint strictement le même point d’impact.
L’engin présent sur le site est un trébuchet pédagogique: c’est une réplique à l’échelle d’un tiers. Il a été conçu pour être manié par des enfants.
La Bombarde

(XVème siècle)
Dimension au sol : 2 x 2.5m
Mantelets : 2.5 x 2.5m
Poids : 1.5 tonnes
Boulets : de 100 kilos. env.
L’artillerie à feu, apparue vers le XIIIe siècle, ne sera d’abord que peu utilisée. La médiocrité et le coût de la poudre, la fragilité des assemblages des pièces, l’inefficacité des boulets de pierre se fracassant contre les solides murailles, expliquent cette désaffection. Au XVe siècle, les frères Jean et Gaspard Bureau eurent l’idée de remplacer les boulets de pierre par des boulets de métal. Cette trouvaille transformera l’artillerie en une arme redoutable et sonnera le glas des machines de sièges.

